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Un Chinois sur la Jonte, 31 janvier 2023

Petite remontée à pied le long de la Jonte depuis Peyreleau, sans but précis…

Les pierres qui dépassent de l’eau sont constellées de fientes mais les cincles ne sont pas là. Arrivé au barrage, je fais décoller un Héron cendré qui guettait derrière un rocher. Je continue pour voir si je ne trouve pas un réfectoire de castor. Je scrute les berges à la recherche d’indices de branches coupées et je découvre sur la berge d’en face, en arrière-plan, un gros peuplier rongé de frais et bien entamé par notre grand rongeur.

Les copeaux et le tronc sont blancs, signes d’un travail récent

Le chemin passe sur d’anciens terriers de castors mais aucune trace d’activité récente. Je remonte jusqu’à une partie de la Jonte plus courante où j’ai déjà photographié une loutre mais pas d’indice particulier. Je reviens par un chemin carrossable qui surplombe la rivière pour aller plus vite car il est l’heure que je parte écouter le Grand-Duc au crépuscule.

Le chemin domine le barrage, quelques Canards colvert se tiennent sur le déversoir, d’autres nagent en amont sur l’eau calme. Mais un oiseau attire mon attention, c’est un mâle de Canard mandarin. Ce petit canard est vraiment magnifique.

Son plumage tranche sur ses voisins

Le mandarin, originaire de l’Extrême-Orient, est un oiseau introduit dans de nombreux parcs et zoos pour la beauté de son plumage. Un particulier peut facilement en acheter et son élevage est facile car il n’est pas particulièrement regardant sur la nourriture. Cet oiseau est sûrement échappé de captivité mais il existe en France de petites populations ou des couples vivant et se reproduisant en totale liberté. Les populations d’animaux domestiques ou introduits pour l’ornement retournées à la vie sauvage sont dites « populations férales ».

En France, d’autres oiseaux ont constitué des populations libres : la Perruche à collier bien présente en Ile de France, l’Ibis sacré, l’Erismature rousse (canard) importée des USA en Grande-Bretagne puis qui est arrivée chez nous, la Bernache du Canada (oie) qui devient même un fléau pour certains golfs avec ses grosses fientes, l’Ouette d’Egypte (oie). Chez les mammifères, on peut citer le Vison d’Amérique élevé pour sa fourrure qui entre en concurrence et fait disparaître notre Vison d’Europe. Elevés aussi pour leur fourrure : les Rats musqués, les Ragondins qui ont envahi l’hexagone, le Raton laveur et le Chien viverrin qui continuent leur expansion.

Chez les crustacés, les différentes espèces d’écrevisses d’origine américaine élevées au départ pour la consommation font disparaître notre Ecrevisse à pattes blanches.

Les introductions peuvent être accidentelles comme pour le Frelon asiatique qui pose un grave problème pour les abeilles domestiques ou sauvages.

Et la liste devient longue si on ajoute les espèces végétales qui peuvent devenir des fléaux pour les espèces indigènes ou dangereuses pour l’homme par des allergies…

Ne boudons pas notre plaisir, le Canard mandarin ne se développe pas vraiment et ne prend pas la niche d’une autre espèce. La femelle de ce canard pond dans une cavité d’arbre située en hauteur ; le manque de cavités est peut-être la cause de sa rareté.

Il y a un an environ, nous avions observé un couple de mandarins à Rivière sur Tarn à quelques kilomètres. Est-ce le même mâle qui a perdu sa femelle ? Un mâle isolé a déjà été aperçu deux fois cet hiver vers la Cresse, commune qui fait face à Rivière sur Tarn.

Jean-Luc D’Aix

Jean-Luc