Quand je suis monté pour voir le niveau de la citerne extérieure, j’ai eu la surprise de constater qu’un bidon qui flottait à la surface servait de radeau pour des petits crapauds…

Les parois cimentées de la citerne sont trop lisses pour que les petits prisonniers puissent sortir et vivre leur vie. Un coup de jumelles montre qu’il s’agit du Crapaud accoucheur ou Alyte accoucheur. L’eau stagnante est rare sur le hameau et il n’existe pas de lavogne à Comayras. Cette citerne n’est fermée que par des grilles et il a été facile pour des mâles de venir y libérer leurs têtards (voir l’article Doc Obstétric du 28 mai 2022, catégorie batraciens).

Je vais devoir aller à la pêche pour sauver ces minuscules crapauds mais auparavant je dois couper le lierre qui recouvre la première grille et des branches de la haie.

Une fois la première grille retirée, je vais à la pêche aux crapauds avec un filet à papillon et je pense que je dois pouvoir en récupérer une vingtaine que j’ai vue sur le bidon gris.

Les prises se succèdent et je dépasse allègrement la vingtaine escomptée. J’aperçois aussi un Triton palmé mais je rate mon coup de filet. Je reviens un peu plus tard et j’en compte encore accrochés au bord ou sur des feuilles qui flottent.

Les têtards de d’Alytes accoucheurs ont la particularité d’être plus gros que les petits crapauds qui résultent de la métamorphose. Sur celui-ci, les pattes ne sont pas encore visibles, il passera sûrement l’hiver comme têtard.

En fin de pêche, j’arrive à 58 Alytes sortis de leur prison. Maintenant ce sont d’autres dangers qui les guettent. La survie quand on est si petit ne doit pas être évidente.
Je vais devoir inventer un système de planche inclinée pour que les bestioles tombant ou nées dans la citerne puissent ressortir facilement.

Comme aurait dit Brassens « Non ce n’était pas le radeau de la Méduse pour ces crapauds… »

Jean-Luc Géricault