Patrimoine

Sur les traces de Martel, 7 octobre 2021

Situées sur le Causse de Sauveterre, sous « le point sublime » qui domine le cirque des Baumes dans les gorges du Tarn, les grottes des Baumes chaudes attisent ma curiosité depuis un moment. Connues depuis des millénaires, elles servirent de bergerie et d’ossuaires. Vers les années 1870, des fouilles permirent d’y trouver un matériel archéologique important. On y trouva les restes de 300 squelettes humains dont certains crânes portaient les traces de trépanations ; les heureux patients avaient survécu à ces opérations car des traces de cicatrisation de l’os étaient bien visibles…

Cirque des baumes depuis le point sublime

En juillet 1888, Edouard Alfred Martel* et ses compagnons explorèrent la cavité jusqu’à son terminus en arrivant sur un puits noyé à -70m environ. La descente de Martel à cheval sur une escarpolette, au bout d’une corde maintenue par ses camarades et aides, dut être assez impressionnante. On estime que cette descente marqua la naissance de la spéléologie verticale.

Il n’est pas question pour nous d’atteindre le fond de la cavité, mais juste de nous promener dans les premières galeries accessibles sans matériel et de nous imprégner de ces lieux millénaires. Le sentier bien caché démarre dans des chênes qui bordent la crête. Il plonge sur environ 100m de dénivelé pour atteindre les baumes qui s’ouvrent dans un petit fronton dolomitique*.

Pour comprendre notre parcours, reportez-vous à la topographie dressée par E.A. Martel, en suivant sur le plan horizontal les n° des différentes entrées et points : 7,6,3,5,4,8 et 9.

Topographie dressée par E. A. Martel
Topo tirée de l’ouvrage « Exploration Caussenarde » de 1984 édité par le Spéléo-Club des Causses
Première entrée, n°7 sur le plan de Martel
Descente après l’entrée n°7
Galerie de l’entrée n°7

La galerie fait environ 25m de long sur une belle hauteur de 5m, elle se termine par un colmatage de coulée stalagmitique.

Entrée n°7 depuis l’intérieur

L’entrée n°6 nous conduit en quelques mètres à une partie de galerie ouverte sur l’extérieur par l’érosion.

Entrée n°6
Vue de l’entrée n°6 depuis la galerie
Entrée n°3 au point 2. Plusieurs petites galeries étroites communiquent avec l’extérieur
Cône de terre remaniée par des générations de fouilleurs ou de pilleurs à l’entrée n°3
Entrée n°4
En marche vers le point 9, vers les galeries inférieures
Au passage, entrée n°8 et son cône d’éboulis
Concrétions vandalisées
Concrétions sèches corrodées

Nous terminons notre visite quand commencent les galeries qui s’enfoncent dans le causse. Ici commence la spéléologie. Le virus me reprendrait bien mais est-ce raisonnable à mon âge ?

Les Baumes chaudes, site archéologique de première importance, furent malheureusement fouillées trop tôt dans l’histoire. Au 19ème siècle, les méthodes de fouilles s’apparentaient plus à du pillage qu’à de la science. Ce qui était important était la découverte d’objets. Les différentes couches de dépôts étaient creusées, bousculées, mélangées. Aucune importance n’était donnée à la place des objets, leur relation avec les ossements, les traces de foyers, etc… Les instruments de travail étaient la pioche, la pelle. Une fouille archéologique est un livre, chaque couche fouillée est une page que l’on arrache et jette, il ne sera plus possible de la relire avec un autre regard. Aujourd’hui, les archéologues laissent intactes des parties de sites qui sont fouillés pour permettre aux générations futures d’y travailler avec de nouvelles techniques et d’autres approches.

Jean-Luc