Sur les hauteurs du Tarn, 27 février 2022
Après une matinée nuageuse, les prévisions nous annoncent un après-midi radieux. Nous partons pour une grande classique de la randonnée dans les gorges du Tarn, direction la Bourgarie sur le Causse Méjean…
Arrivés au hameau de la Bourgarie, nous voyons que nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée : il reste seulement une place sur le parking en herbe. Nous prenons le chemin qui nous mènera à la Baousse del Biel ou Baus del Biel, magnifique arche naturelle.
Après un passage au soleil, nous sommes à l’ombre dans une combe, la température est plutôt fraîche et la végétation qui ne reçoit pas le soleil est bien différente comme en témoignent mousses et fougères.
Dans des zones de mi-ombre, les premières Hépatiques offrent leurs fleurs violettes parfois blanches. On pensait autrefois que ses feuilles trilobées indiquaient des vertus thérapeutiques pour le foie, ce qui n’en est rien.
Les premières primevères commencent aussi à fleurir. Notez que printemps en espagnol se dit primavera.
Les parois dolomitiques sont impressionnantes, les Vautours fauves les frôlent et nous entendons le soufflement de l’air dans leurs rémiges.
Nous atteignons une font* bâtie pour garder la propreté de l’eau en évitant les souillures par les animaux sauvages ou domestiques. L’ensemble est assez bien conservé. Le moindre suintement était important pour les bergers qui vivaient sur les pentes des gorges, les sources étant extrêmement rares sur les hauteurs.
Je me penche dans la font en éclairant l’eau avec mon téléphone. Une larve de Salamandre tachetée vit dedans, son corps est déjà couvert de taches jaunes, sa grosse tête tranche avec son corps maigre, les proies ne doivent pas se bousculer à l’intérieur.
Sur un côté de la font, la paroi suintante offre refuge à une plante carnivore originale, la Grassette des Causses. Pour le moment, seules les rosettes des feuilles sont visibles ; il faudra attendre avant de voir sa petite fleur violette. Vivant sur un substrat pauvre en azote, la plante trouve celui-ci dans les petits insectes qui se font piéger par ses feuilles gluantes.
Un panneau nous indique le pas de l’Arc à 150m, nous prenons la dérivation pour jeter un coup d’oeil. Après avoir dégringolé 50m de dénivelé, nous ne voyons rien venir, comme soeur Anne. Nous rebroussons chemin en pestant contre celui qui a posé ce panneau. C’est beau certes, mais c’est bas !
Sur l’écriteau, quelqu’un a gravé « menteur » et déplacé la virgule pour indiquer 1.5km. J’aurais dû mieux regarder les indications. Nous prendrons cet itinéraire une autre fois en connaissance de cause.
Nous arrivons à la Baousse del Biel, un des plus beaux passages du sentier.
On peut traduire Baousse del Biel par « bouche du vieux », un trou sans dent ; le paysage devient alors vraiment bucolique.
Nous sommes partis un peu tard et la boucle prévue serait trop longue. Heureusement une échappatoire nous permet de quitter le sentier et de rejoindre le chemin Cassagnes/la Bourgarie.
Nous arrivons rapidement aux ruines de Volcégur. Ensemble de bâtiments typiques de l’architecture caussenarde. Trop loin d’une route, de l’eau potable, ils ne seront sans doute jamais restaurés. C’est bien dommage de les voir se ruiner année après année.
Le soleil va disparaître derrière le Causse de Sauveterre et la température n’est plus que de 6°. Notre voiture est seule sur le parking, nous redescendons vers les Vignes où nous nous arrêtons pour jeter un coup d’oeil sur le Tarn. Un nuage de poissons se tient derrière la pile de pont centrale. Je les estime à un millier, sans doute des chevesnes. Derrière la pile de la rive droite la taille des poissons est plus petite. De tels rassemblements ne sont pas rares comme vers le pont du Rozier. Nous nous sommes renseignés auprès de pêcheurs qui n’ont pas d’explication au phénomène.