Sur l’air du pont d’Avignon :
« Sous le pont du Rozier
Elle y pêche elle y plonge
Sous le pont du Rozier
Cachez-vous petits poissons »

Notre amie Lily nous prévient que deux jeunes loutres traînent vers le pont du Rozier et qu’elles sont visibles le matin. Je décide d’y aller le soir en espérant qu’elles seront encore dans le secteur. Je les trouve en rive droite vers l’hôtel de la Muse en pleine séance de pêche sous l’œil intéressé d’un héron cendré qui compte profiter de poissons délogés par nos mustélidés*. Elles remontent le Tarn rapidement et je tente de les suivre par le chemin des pêcheurs. Mais je finis par les perdre au crépuscule en aval d’un camping à près de 1km de ma découverte, ce qui donne déjà une idée de l’étendue de leur territoire.

Le lendemain : réveil à 7h tapantes avec Cécile. Nous sommes vers l’hôtel dès 8h en affût. Attente, longue attente, seulement rythmée par les chants et les poursuites entre des Cincles plongeurs.

9h30, Cécile me prévient qu’un castor vient de passer devant nous sur l’autre rive. Je n’ai rien vu ! Après quelques minutes, je le repère à 200m après le pont cassé.

Je dis à Cécile d’aller vers cet endroit et je la rejoindrai dans un quart d’heure si je ne vois rien de plus. N’ayant rien vu comme sœur Anne, je replie tout mon matériel pour la rejoindre. A l’instant où je rejoins le chemin, Lily est devant moi et me dit que le castor est dans l’eau derrière moi !

Je ressors le matériel, Cécile nous rejoint et nous apercevons 2 individus dont un disparaît rapidement vers l’aval. Le deuxième castor finit par disparaître vers un rocher et ne reparaît plus malgré 10 mn d’attente.

C’est la première fois depuis notre installation à Mostuéjouls que nous voyons des castors sur notre secteur, ce n’est pas si mal. La matinée s’avance, nous avons peu de chance de revoir loutres ou castors. Nous allons sur le pont du Rozier voir si nos gros rongeurs sont revenus vers leur réfectoire* depuis la veille. Nous voyons que le nombre de branchettes rongées a augmenté et que l’arbre coupé par une tronçonneuse est plus rongé que la veille. Soudain j’aperçois la loutre en action de pêche qui remonte le bord du Tarn vers nous, elle est à moins de 100m.

Elle plonge sans cesse fouillant les cailloux de la berge.

Quelle activité ! Elle plonge, tourne autour des blocs, fouille, ressort, replonge. Nous avons parfois du mal à la suivre avec les reflets de l’eau.

Grâce à un retournement de notre plongeuse nous avons la certitude que c’est une femelle avec l’absence de testicules.

Quand la loutre nage, son pelage mouillé paraît luisant. Quand elle sort de l’eau, elle aime se secouer pour expulser l’eau de ses poils. Sa fourrure change alors d’aspect.

Le pelage est imperméable grâce à une lubrification secrétée par les glandes cutanées. Sa fourrure est incroyablement dense, on compte 50.000 poils au cm². La bourre est une sous-couche d’un centimètre, constituée de poils fins, extrêmement dense emprisonnant de l’air qui isole la peau de l’eau froide. Les poils plus longs (25 à 30mm) protège la bourre des frottements. La loutre étant dépourvue d’une couche de graisse, l’entretien de sa fourrure est essentiel.

Jamais elle ne regarde en l’air et ne nous repère pas, nous nous régalons.

Elle finit par être à notre verticale et nous la voyons onduler sous l’eau.

Elle passe sous le pont et nous courons la retrouver de l’autre côté mais sans la voir. Nous nous déplaçons en tous sens, mais rien ! Incroyable, nous la recherchons plus loin, impossible de la voir. Ne nous plaignons pas, nous sommes le 31 décembre et nous finissons l’année avec une observation fantastique.
Il est 10h30, à quoi bon les affûts matinaux ?

En cliquant sur le lien suivant, vous pourrez visionner un petit film de Lily sur la loutre filmée au même endroit.

Lien : https://drive.google.com/file/d/1b4St3zs_hc4ZJaqDVRA6btLd7Q1nGo0C/view?usp=share_link

Si la qualité du film vous paraît moyenne, vous pouvez la passer en HD avec l’option paramètres (roue dentée) >qualité> 1080HD