Mammifères

Résurgence de l’Ironselle, 23 novembre 2021

Aujourd’hui direction la résurgence* de l’Ironselle qui se jette dans le Tarn à 2,8km en aval des Vignes, côté Causse Méjean. Mon ami Pat m’a envoyé un pointage sur un extrait de carte mais c’est approximatif selon ses dires. Un chemin longe le Tarn, nous devrions bien trouver cette résurgence.

Nous garons la voiture aux Vignes, traversons le Tarn et prenons le chemin carrossable que suit le GR6 en direction du Rozier. Pour une fois, nous ne sommes pas obligés de regarder nos pieds en permanence pour ne pas trébucher. Nous arrivons à un embranchement où le GR s’élève car des barres rocheuses doivent sûrement empêcher le cheminement le long du Tarn. Nous le quittons pour suivre un chemin carrossable qui nous amène rapidement aux pieds de nouvelles barres. Je sens que nous brûlons : effectivement deux entrées de grottes s’ouvrent à notre gauche.

Grotte de l’Ironselle
Entrée supérieure

Nous pénétrons par l’entrée supérieure et débouchons rapidement dans une vaste salle éclairée par un grand porche. Cette grotte a servi de bergerie comme en témoigne un mur. Nous fouillons les parois mais nous ne découvrons pas de galerie qui nous mènerait plus loin sous terre. Sur un côté, un trou creusé laisse entrevoir une trémie de pierres mais la cavité semble comblée par les alluvions. Pas d’accès aux eaux souterraines qui ne doivent pourtant pas être lointaines. Dans un recoin, nous trouvons du crottin d’âne qui prouve que la grotte sert encore d’abri pour des animaux.

La cavité est éclairée par un vaste porche
Des concrétions sèches au plafond
Le porche vu de l’intérieur
Le porche vu de l’extérieur

Nous ressortons pour aller visiter l’entrée inférieure mais c’est vite colmaté. Là aussi pas moyen de voir l’eau de la résurgence. Pourtant un fond de cailloutis bien propre et roulé, indique que l’eau doit passer par cet endroit quand le débit augmente et que le réseau se met en charge (ce qui veut dire que la résurgence active ne suffit plus à la sortie de l’eau qui trouve alors un autre exutoire). Nous descendons le talweg* vers le Tarn, les pierres moussues du fond démontrent que l’eau doit y couler une période de l’année. A quelques mètres du Tarn, l’eau sort de terre à travers un éboulis. Le débit est conséquent, la rivière souterraine cachée devrait être fantastique à parcourir si ce n’est pas un réseau noyé.

Résurgence de l’Ironselle, sortie impénétrable, hélas
L’eau souterraine, un rêve de vieux spéléo

L’eau qui ressort à l’Ironselle vient du Causse Méjean. Une coloration effectuée dans l’aven de la Cheminée a été captée dans cette résurgence. Cet aven est le plus profond du Méjean et permet d’atteindre une rivière souterraine et de la suivre sur près d’un kilomètre : le parcours aval bute sur un siphon à -400m par rapport à l’entrée de l’aven. L’entrée de l’aven se situe à 4,2km à vol d’oiseau de la résurgence. L’entrée de l’aven se situe à l’altitude de 935m, celle du siphon terminal aval à environ 535m, celle de la résurgence à 400m ; il reste donc 135m de dénivelé théorique pour un réseau à explorer mais encore faudrait-il pouvoir passer le siphon terminal de l’aven de la Cheminée et déboucher sur des galeries exondées. Je ne sais pas si ce siphon a été plongé. Ces rêves ne sont plus de mon âge.

4,2 km entre les 2 points mais bien plus dans la réalité pour le parcours de l’eau

Nous furetons le long du Tarn en aval de la résurgence et découvrons sur le sable fin des dizaines d’empreintes. Un chien, des semelles mais surtout des empreintes de Loutre. Elle a fait de nombreux allers-retours et bien imprimé sa marque. Nous nous mettons aussitôt à rêver d’affûts pour la surprendre.

La Loutre a marché dans tous les sens.
Nombreuses empreintes de Loutre et une empreinte de Chien au centre
Empreinte de Loutre

Sur le sable, je trouve une « épreinte », à savoir un excrément de Loutre. A l’état frais, les épreintes sont noires et recouvertes de mucus. Leur odeur n’est pas désagréable. On peut y voir des arêtes, des écailles, des os de colonne vertébrale, des morceaux de carapaces de crustacés, etc…

Epreinte de Loutre

La Loutre est un mustélidé* qui vit au bord des rivières, des grands lacs, dans certains marais. Elle fut longtemps pourchassée pour sa fourrure ce qui la mena au bord de l’extinction. La fourrure, d’une densité incroyable, atteint
50 000 poils par cm². Il fallait 11 peaux de Loutres pour faire un manteau. Un dicton disait : « tu pars à pied vendre une peau de loutre, tu reviens en vélo », ce qui montre le prix d’achat d’une peau à cette époque.

Comme disait Gaston Phébus, Comte de Foix, « la Loutre offre une très belle chasse et plaisante, quand les chiens sont bons et les rivières petites« .

Chasse de la Loutre. Extrait du livre de chasse de Gaston Phébus, Musée de la Chasse et de la Nature. Bibliothèque de l’image
La protection est arrivée pour certaines espèces mais les esprits n’ont pas vraiment changé

Nous reprenons le chemin du retour en observant quelques reliefs de repas de castors le long des berges.

Une campanule sur le chemin du retour

Un arbre qui a perdu ses feuilles dévoile un nid de Frelons asiatiques.

Une boule caractéristique

Une ironselle ne fait pas le printemps mais nous avons passé un bel après-midi.

Les mots suivis d’un astérisque sont définis dans l’article « Glossaire », à chercher dans « Catégories« 

Les photos ont été réalisées avec un téléphone. Je deviens fainéant pour traîner mon matériel.

Jean-Luc