Quand l’envol finit à terre, 21 août 2025

Juillet et août sont les périodes d’envol des jeunes Vautours fauves. C’est la période d’émancipation, apprendre à voler, rechercher de la nourriture, en un mot survivre. Malheureusement tout ne se passe pas aussi bien que prévu…

Pour le jeune vautour, l’envol c’est un grand saut dans le vide, dans l’inconnu. Il va devoir apprendre à se servir de ses ailes, de sa queue, dompter l’aérologie en quelques jours. Ensuite il devra trouver sa nourriture, ce qui est relativement facile, il suffit de suivre les autres vautours. Mais arrivé sur les lieux d’une curée*, il devra trouver sa place et s’imposer au milieu de la multitude de congénères pour arracher quelques morceaux. Si le jeune n’arrive pas à se nourrir suffisamment, il s’affaiblira progressivement au point de ne plus pouvoir voler.

atterrissage d’un jeune vautour sur la route des gorges du Tarn en 2021

Mon voisin me prévient qu’un vautour est perché sur un toit de Comayras. Je pars aussitôt avec les jumelles et mon appareil photo. Effectivement il est sur le faîtage d’un voisin de Comayras bas et nous le dominons depuis la route.

Apprenti couvreur !

Les plumes de la collerette indiquent que c’est un jeune de l’année. Comme il est 19h00, personne ne pourra le secourir. J’envoie des messages aux personnes concernées de la LPO Grands Causses et nous verrons demain s’il est toujours là… Pour le moment je pars au restaurant avec des amis.

Le lendemain il a disparu ; reparti ou échoué ailleurs ?

Dans la matinée, nous allons aux jardins partagés de Mostuéjouls. Arrivés sur place une personne que je connais me demande si je viens pour le vautour, quel vautour ?

Un Vautour fauve est posé dans le fossé d’écoulement de la fontaine, ce n’est pas le même que la veille. Décidément ! Ce vautour est là depuis hier après-midi.
Deux personnes de la LPO arrivent quelques minutes après pour le récupérer. Une grande épuisette va servir à le capturer.
Il fuit sur quelques mètres mais ne tente pas de s’envoler.

La pêche au vautour aquatique

Thierry de la LPO Grands Causses confirme son âge, ce n’est pas un jeune mais plutôt une oiseau de 3 ou 4 ans, un subadulte. Son poids apparent est faible. Sans doute une faiblesse physiologique l’a empêché de se nourrir correctement, entraînant une perte de musculature et un atterrissage forcé.

Le vautour va être conduit chez le vétérinaire de Rivière sur Tarn pour une prise de sang pour des analyses sur sa santé puis aux volières de Cassagnes sur le Méjean pour tenter de le rétablir si c’est possible.

Comme les humains, les vautours peuvent être malades, avoir des carences. Même si les pertes sont importantes, le dynamisme de la population de Vautours fauves en France n’inspire pas d’inquiétude. 1030 couples de fauves se reproduisent sur les Grands Causses et la population française est de 2950 couples.
Ce qui est plus inquiétant, ce sont les réactions du monde agricole contre ces charognards quand un veau ou une vache sont dévorés après une mise bas. Les journaux locaux, en mal de sensations, font leur une de ces « attaques ».

Je rappelle que les vautours, bien que faisant partie des rapaces, ne sont pas des prédateurs : ils ne se nourrissent que d’animaux morts. Les cas de mise à mort ante mortem sont rares et surviennent toujours sur des animaux malades incapables de bouger ou de se relever. Les délivrances des veaux se passant mal sont monnaie courante et si l’éleveur n’est pas sur place dans un court délai, la vache et le veau sont perdus même sans l’intervention des vautours.

En Aveyron, le préfet a autorisé les tirs d’effarouchement sur les vautours près des troupeaux bovins, ce qui est idiot puisque si l’éleveur est présent, le bétail n’a rien à craindre. Cette autorisation a été accordée après consultation publique où le résultat du vote contre cette proposition a atteint la proportion de NON à 95%, c’est sans doute ça la démocratie participative préfectorale !

Jean-Luc Legriffon

Jean-Luc