Plus haut au mont Gargo
26 Août 2021
La fin du mois d’août approche et c’est le début du passage postnuptial des Pluviers guignards. Ces pluviers nichent dans les toundras pierreuses de Sibérie, les hauts plateaux scandinaves, les landes sèches d’altitudes d’Ecosse. Cette espèce ne semble plus nicher dans les Pyrénées où ses effectifs ne devaient pas dépasser les 10 couples.
Ce sont des migrateurs qui hivernent au Maroc, en Tunisie et en Espagne pour un petit nombre. Le mont Lozère et les sommets du Méjean dénudés constituent des haltes migratoires régulières.
Nous allons donc monter au sommet du Gargo, qui culmine à 1246m, situé au Sud-Est du causse Méjean.
La marche d’approche sera assez longue car le Parc National des Cévennes a interdit aux véhicules la route et les chemins qui permettaient de s’approcher de notre but. C’est pour la bonne cause même si je râle intérieurement. Un autre accès pourrait se faire par la Fajole mais il paraît que l’agriculteur est menaçant et sort le fusil quand on passe par chez lui !
Quelques Faucons crécerellettes chassent sur les pentes de l’Usclat face au hameau de Deïdou mais ils sont bien difficiles à indentifier sauf quand ils daignent nous survoler.
Nous marchons sur la route puis un chemin de terre qui borde les terres argileuses d’un polje, vaste dépression karstique fermée.
Sur la petite bande herbeuse « épargnée » par le labour, stridulent des Dectiques des brandes. Je déniche une femelle qui arbore des couleurs brunes.
Sur une petite haie, une famille de Pies-grièches écorcheurs. A l’orée d’un bois, une bonne cinquantaine de Grives draines se nourrissent dans un chaume, je n’ai jamais vu autant de draines rassemblées.
Le chemin s’élève et nous découvrons un autre aspect du puech d’Usclat avec ses rochers ruiniformes.
Nous avons beau fouiller les rochers, pas de Monticole de roche en vue mais encore des crécerellettes.
Nous passons au dessus du grillage à moutons et commençons notre ascension vers le sommet du Gargo.
Pendant notre montée, nous pouvons déjà apercevoir les antennes situées sur le mont Aigoual à 16,7km.
Le sommet est totalement dénudé et offre un panorama à 360° fantastique : Mont Aigoual, Bougès, mont Lozère, etc… Après une observation minutieuse de la surface caillouteuse sans rien déceler, je m’apprête à tourner autour du sommet pour tenter de découvrir les fameux pluviers. Je suis attiré par un passereau que je n’arrive pas à identifier au milieu des graminées et je fais décoller 4 guignards que je n’avais pas décelés. Je me maudis ! Ils ont disparu derrière la courbe du mont. Je m’y dirige. Ô joie, ils sont là, tapis au milieu des cailloux.
Je tente une approche lente en rampant mais les herbes m’empêchent de les photographier. Je me déplace accroupi par petites étapes et je reste immobile à une vingtaine de mètres. Après quelques minutes, les oiseaux se redressent, puis commencent à se déplacer pour se nourrir. Ce sont 3 adultes et un immature.
Assez vite, ils passent dans une zone plus herbeuse et il devient impossible de les photographier.
François, un naturaliste lozérien nous rejoint. C’est lui qui a mis en évidence ces stationnements de Pluviers guignards sur le Gargo et le Méjean. Mais les oiseaux décollent et nous les perdons de vue. Il nous propose de faire le tour du sommet mais notre prospection est vite interrompue par la présence de chiens Patou qui gardent un troupeau de brebis. Ces chiens sont plutôt agressifs et il nous conseille de changer de secteur. Nous redescendons vers l’Ouest vers le soleil couchant qui irradie le paysage de couleurs chaudes.
François nous invite à le suivre sur la serre de Fourcat, mont voisin du Gargo. Nous déclinons son offre car même en partant directement à la voiture, il fera nuit en y arrivant. . Nous voyons sa silhouette grimper la serre.
Sur un piton un Circaète guette.
Après avoir croisé 2 renards et une chevrette, nous arrivons au crépuscule et pique-niquons sous la lumière de Jupiter et Saturne, autrement dit nous ne voyons plus grand chose. François nous rejoint. Finalement nous aurions dû aller avec lui car il a vu 39 Guignards sur la serre de Fourcat et, en prime, a observé 2 cerfs en redescendant.
C’est la deuxième fois que nous montions sur le Gargo. La première fois nous avions vu 1 guignard, aujourd’hui 4, nous progressons.