
Mante à l’eau ? 13 août 2025
Tout le monde dira que la mante est verte, pourtant les individus bruns, assez courants, sont de la même espèce. Aujourd’hui, Cécile en a trouvé une tirant sur le jaune mais ce n’est pas la violente pluie de la veille qui l’a décolorée…

Les grecs nommaient la Mante religieuse, le devin, le prophète ; les occitans, Lou Prèga-Diu, la bête qui prie Dieu.
« L’homme des champs n’est pas difficile en fait d’analogie […] Il a remarqué ses amples et fines ailes vertes, traînant à la façon de longs voiles de lin ; il a vu ses pattes antérieures, des bras pour ainsi dire, levées vers le ciel en posture d’invocation. Il n’en fallait pas davantage ; l’imagination populaire a fait le reste ; et voilà depuis les temps antiques, les broussailles peuplées de devineresses en exercice d’oracles, de religieuses en oraison. » Jean-Henri Fabre (souvenirs entomologiques).


Si cet insecte est commun dans nos campagnes, il n’est pas toujours si facile à trouver. Au milieu des broussailles et des herbes sèches, il faut avoir un œil expert ou un coup de chance pour le débusquer.

Il existe en France plusieurs espèces de Mantes. Le critère le plus simple pour identifier la Mante religieuse est la présence d’une tâche noire sur la face interne de la base de chaque patte antérieure ainsi que des points blancs.

Puisque ses pattes ne sont pas faites pour implorer Dieu, il est possible que ce soit le diable qui les ait munies de pointes redoutables. Les pattes antérieures sont faites pour la capture de ses proies. Une fois saisies, elles ont peu de chance de s’échapper, coincées ou transpercées par les rangées de pointes.

La Mante relieuse est insectivore : abeilles, mouches, papillons, criquets et sauterelles composent son ordinaire. Elle commence son repas par la jonction entre la tête et le thorax, passage obligé des influx nerveux ; la proie ne peut plus se débattre. Même les araignées finissent entre ses pattes.
Si ses pattes sont redoutables, ses pièces buccales semblent insignifiantes, bien moins impressionnantes que celles d’une guêpe ou même d’une Grande Sauterelle verte. Pourtant elle démembre facilement des insectes qui paraissent coriaces.


Après le repas les pattes antérieures sont soigneusement nettoyées.


La tête de la Mante est très mobile, avec une rotation d’environ 180° contrairement à la plupart des des insectes. A l’affût, elle peut rester immobile tout en pivotant la tête pour avoir une vision panoramique et repérer ses proies de ses grands yeux.


Les pattes antérieures servent aussi au déplacement. Le « harpon ou griffe » ne sert pas qu’à attraper les proies, il est utilisé pour agripper les végétaux. Il est prolongé par un tarse fin, composé de plusieurs articles, servant aussi à la préhension pendant la locomotion.


L’accouplement, la ponte sont des sujets fabuleux à traiter, encore faut-il en prendre des photos, patience ça viendra.
Jean-Luc Leprieur