Flore

Hybride de singe, 17 mai 2024

Vous commenciez à vous demander ce que je devenais ? Tout va bien mais je n’ai guère eu le temps et l’occasion de photographier la nature, accaparé par le suivi des Faucons pèlerins et les amis en vacances chez nous…

Les promenades pour faire découvrir notre pays aux amis sont l’occasion d’arpenter les chemins et d’observer la flore qui les borde.

Les orchidées sont toujours attirantes et les amis non naturalistes sont toujours étonnés de rencontrer ces fleurs qu’ils imaginent tropicales. Sur la bordure du chemin qui nous mène à une grotte, les Orchis singes sont nombreuses mais une attire plus particulièrement mon regard car elle dénote parmi ses consœurs. Son port est différent ainsi que sa couleur.

Qui est-elle ?

Le labelle (pétale qui sert de piste d’atterrissage pour les insectes pollinisateurs) est bien celui d’une Orchis singe (Orchis simia) avec ses découpages qui forment de grands membres simiesques mais cette couleur verdâtre et l’inflorescence rappellent une Orchis homme pendu (Orchis anthropophora).

Orchis singe (Orchis simia)
Orchis homme pendu (Orchis anthropophora)

Nous avons devant nous un hybride de ces deux espèces qui pourtant ne se ressemblent guère.

Un peu plus loin un nouvel hybride dont les bras ne se sont pas encore recourbés.

Hybride d’Orchis singe et d’Orchis homme pendu

Ces hybrides vu par un néophyte, ressemblent étonnamment à une espèce répandue uniquement dans le couloir syrio-palestinien.

L’homme pendu faisait autrefois partie du genre Aceras mais est revenu dans le genre Orchis. Pourquoi ? Je n’en sais rien ! Toujours est-il que les hybrides de ces deux genres étaient appelés Orchiaceras. Et les hybrides que j’ai photographiés appelés Orchiaceras bergonii (De Nanteuil, botaniste qui a décrit la plante).

Mettre un nom sur ces orchidées est assez déroutant quand on veut les identifier avec une clef de détermination, on aboutit à des impasses.

Le groupe formé par les Orchis singe (simia), militaire (militaris) et pourpre (purpurea) produit souvent des hybrides mais la grande variabilité de forme des labelles ne doit pas obligatoirement amener à identifier des hybrides.

Deux Orchis pourpres (Orchis purpurea)
Deux hybrides probables Orchis pourpre x Orchis militaire
Un Orchis militaire à gauche et sans doute un hybride militaire x singe à droite

Sur la photo de droite, les bras du labelle assez fin commencent à ressembler à ceux d’une Orchis singe.

De nombreuses espèces d’orchidées ont la faculté de s’hybrider dans le même genre ou dans des genres différents. Les horticulteurs ont profité de ces facultés pour créer des milliers de cultivars* (voir l’article glossaire).

En ornithologie, je répète sans cesse qu’il faut identifier tout oiseau rencontré, en botanique dans une station d’orchidées, il faut chercher la différente !

Jean-Luc Darwin

Jean-Luc