Donne ta langue au Sphinx, 9 juin 2024
Un week-end naturaliste sur le Larzac sur la commune de l’Hospitalet du Larzac est organisé par la LPO Aveyron. Malheureusement nous ne sommes libres que le dimanche. Le but de ce week-end est d’inventorier le plus d’espèces possible chez les oiseaux, les papillons diurnes et nocturnes, les chauve-souris. Le gros des troupes est venu le samedi et ce dimanche matin nous ne sommes que sept et la matinée sera plus orientée vers les papillons,. Ce n’est pas mon fort mais j’arriverai peut-être à retenir quelque chose…
Nous nous dirigeons vers une partie peu prospectée du Causse du Larzac. Pendant que le groupe se disperse sur une prairie, je parcours un chemin à la recherche d’oiseaux mais sans trouver d’espèces exceptionnelles.
Cécile me capture des orthoptères de belle taille, mais comme ce sont des larves impossible de leur donner un nom d’espèce.
Nous repartons vers une zone non prospectée aux affleurements rocheux dolomitiques. Les jeunes femmes du groupe sont spécialisées dans les papillons. Leur première découverte notable est un papillon de nuit remarquable par sa couleur. Ce rose dans un premier temps nous fait penser à un Sphinx de la vigne. Mais une identification plus poussée nous amène au Sphinx de l’Euphorbe (Hyles euphorbiae).
C’est un papillon de belle taille avec une envergure de 70 à 75 mm. Il possède une trompe de 30mm mais je n’ai pas trouvé de renseignement sur les plantes qu’il butine, hormis des saponaires, mentionnées sur le blog d’un naturaliste. Vous me direz que c’est un papillon de nuit et qu’il doit être difficile à observer mais certains naturalistes disent qu’ils l’observent parfois de jour.
La chenille de ce sphinx est tout aussi remarquable. Les œufs sont pondus sur des euphorbes, assez souvent sur l’Euphorbe petit-cyprès très répandue.
Laissons Jean-Henri Fabre* nous narrer ses préférences végétales : « Sous mes cloches d’éducation, elle prospère avec la première Euphorbe venue. En dehors de ces mets caustiques dont nulle autre qu’elle ne voudrait, tout le reste lui est odieux… Elle veut exclusivement de l’Euphorbe, dont le laitage corroderait tout autre gosier que le sien. Pour se repaître délicieusement de pareilles âcretés, il faut être prédisposé, la chose est évidente » .
Après plusieurs mues successives, la chenille devient impressionnante par sa taille de 80 mm et ses couleurs. J’ai retrouvé une diapositive bien poussiéreuse de cette chenille prise dans ma jeunesse ! Côté queue, la corne anale appelée scolus est totalement inoffensive : elle sert à impressionner un éventuel prédateur mais qui serait déjà repoussé par les couleurs de la bête !
Ces chenilles s’enfoncent sous terre à faible profondeur pour le stade de la nymphose*. Dans le cas de la première génération, l’émergence de l’imago* s’effectue deux semaines après,. Pour la deuxième génération tardive, la nymphe reste dans le sol jusqu’au printemps suivant.
Pour les oiseaux c’est plutôt pauvre hormis quelques Fauvettes passerinettes.
Nous rencontrons des Filipendules en fleurs et par conséquent le Nacré de la Filipendule, un papillon que je n’avais jamais identifié. Il est reconnaissable par deux séries de points parallèles. J’aurais appris quelques chose !
Un accouplement de Gazés nous offre un charmant spectacle.
Nous terminons par le tour d’une lavogne bien en eau creusée dans la dolomie. Pas de têtard en vue seulement des libellules Anax imperator.
Ce week-end était une première pour la LPO Aveyron. Quelques espèces rares ont été rencontrées comme le Râle des genêts entendu la nuit, deuxième mention pour le département. Rendez-vous l’année prochaine avec plus de participants !
Jean-Luc Champollion