Non classé

Brumes et crue, 10 mars 2024

Hier 9 mars la pluie est tombée en continu. Ce matin notre pluviomètre indiquait 36mm, mais sur les Cévennes et le mont Lozère les précipitations ont été plus importantes. Vers 8 heures le ciel était bleu mais la brume a rapidement gagné la vallée. L’envie d’aller faire des photos des gorges du Tarn avec les nuages m’a pris soudainement. En passant le long des campings, je vois que des lodges de toile ont les pieds dans l’eau. Premier arrêt sur le pont du Rozier pour voir la crue.

Effectivement le Tarn débite des eaux chargées de boue et brasse sérieusement.

Le pont cassé

La brume est là mais déjà le soleil arrive à percer.

Vers l’aval

Il faut que je me dépêche de monter vers le Causse Méjean depuis les Vignes d’où j’aurai un point de vue sur les gorges. Sur la route qui grimpe, un mur de soutènement écroulé barre la moitié de la route. Arrivé au Cirque de Blanquefort, je constate que j’aurais dû me lever plus tôt, je ne figerai pas un beau fleuve de nuages !

Depuis Blanquefort vers l’aval
Le rocher de Capluc au Rozier
Emergence du Sauveterre
Les brumes côté soleil

Un envol de vautour me fait lever la tête. Sur le rocher les rapaces prenaient le soleil après une nuit bien arrosée.

Je pars ou pas ?

Un SMS d’une connaissance m’incite à me rendre au Pas de Soucy. Pas de problème, je redescends dans les gorges et remonte le Tarn jusqu’à ce point touristique déserté l’hiver. C’est un passage où la rivière passe sous des blocs immenses. Aujourd’hui le Tarn en furie passe au-dessus des blocs avec un vacarme assourdissant. De temps à autre, des vagues frappant les roches ensevelies, bondissent en projetant et vaporisant les eaux limoneuses. Je me demande même pendant un moment si une nouvelle vague de crue n’est pas en train d’arriver mais ce n’est que mon esprit qui se fait un film catastrophe.

Le Pas de Soucy
Que font les poissons pendant les crues ?

Avant de partir, j’en profite pour inspecter une zone de pitons où j’ai observé l’année dernière deux jeunes Faucons pèlerins en période d’émancipation. Je ne tarde pas à repérer un pèlerin posté.

Un petit caillou sur un gros caillou

Après quelques minutes de stationnement, il traverse les gorges et pique sur un Aigle royal pour le houspiller. Ce dernier passe au-dessus de moi mais très haut. Je le photographie tout de même pour avoir « sa carte d’identité ».

Aigle royal

Sur la route je m’arrête à la limite Lozère-Aveyron et je ne tarde pas à repérer dans une pompe de vautours un couple de Faucon pèlerin. Décidément la chance est avec moi.
Encore un petit arrêt au pont du Rozier.

Le Tarn au Rozier, le pont cassé au loin.
Ce n’est pas encore cette crue qui emportera le reste de l’ancien pont
Extrait du site Vigicrue

Le pic de crue a atteint les 5,62m de 6h00 à 6h30 le 10 mars. Sur le graphique on peut constater une première crue le 9 mars à 1,96m qui plafonne pendant 8 heures environ avant l’arrivée de la seconde crue.

Nous avons passé l’automne et l’hiver sans phénomènes cévenoles importants. Le Tarn n’a connu que deux remontées insignifiantes. C’est la deuxième fois que nous voyons une crue importante. Nous sortions du premier confinement COVID et nous n’étions pas encore installés à Comayras lors de « notre » première crue de 6.60m en juin 2020, celle du graphique. A l’époque les touristes étaient peu nombreux heureusement, car avec 1m de plus, le Tarn aurait contraint les quelques campeurs à déménager en urgence et à déplacer les nombreux mobil-homes qui fleurissent dans la vallée.

Une question me taraude : que deviennent les jeunes castors et les loutrons avec ces eaux tumultueuses ? Les terriers des castors et les catiches des loutres sont sous plusieurs mètres d’eau. Certains loutrons sont déjà indépendants mais les castorins sont encore petits pour la plupart et c’est peut être un facteur limitant pour l’extension de l’espèce. « C’est la nature » diront les darwinistes fatalistes !

Jean-Luc Necmergitur

Jean-Luc