Accents alpins, 18 novembre 2022
Tous nos migrateurs sont partis laissant le pauvre ornitho que je suis sans but précis…
Heureusement des hivernants ravivent quelques peu ma torpeur hivernale. Notre sortie d’aujourd’hui nous mènera au château de Peyrelade à 5km de la maison, sobriété énergétique oblige…
Perché sur un éperon rocheux, les ruines du « castel » domine la vallée du Tarn. Une association restaure et entretient depuis 1977 cet édifice moyenâgeux. Sa particularité est d’avoir une tour escalier (restaurée) qui mène au sommet d’un éperon rocheux.
Peyrelade fût un château très convoité. Malgré ses enceintes, ses défenses, son site escarpé, il changea au cours des siècles plusieurs fois de propriétaires, subissant des attaques pendant la guerre de cent ans, le passage des routiers (bandes de mercenaires sans emploi), les guerres de religion…
Ce n’est pas le tout mais nos sommes à Peyrelade pour tenter d’apercevoir le Tichodrome échelette, petit passereau roi des parois verticales. Les premiers oiseaux observés sont des Choucas des tours qui visitent une faille pour leur prochain site de nidification. Il me semble que l’année dernière cette cavité était occupée par des Craves à bec rouge, autres corvidés typiques des causses et de ses parois.
En inspectant les terrasses des gîtes au pied du château, nous découvrons des passereaux migrateurs en provenance de nos massifs montagneux. Ce sont des Accenteurs alpins (Prunella collaris), cousins de nos Accenteurs mouchets plus communs. Ils se nourrissent dans l’herbe des terrasses d’un gîte et font leur toilette sur les murets bien en évidence.
Nous finissons par en compter sept qui vadrouillent entre les terrasses et l’éperon rocheux.
Comme leur nom l’indique, ces accenteurs vivent à l’étage alpin au dessus de la limite des arbres. En France, on les trouve dans les Alpes et les Pyrénées et quelques couples nicheraient sur les sommets du Sancy et du Plomb du Cantal dans le Massif Central mais les dernier atlas des oiseaux de France métropolitaine n’indique aucune nidification certaine. Ils affectionnent les zones de pelouses pierreuses, les éboulis et les moraines jusqu’à une altitude record de 3600m.
L’hiver, ils descendent de leurs montagnes (pas à cheval) pour occuper les basses vallées non enneigées et le sud du Massif Central. Les Causses, avec leurs falaises et leurs pierriers d’éboulis, sont des zones d’hivernage prisées par l’espèce.
Dans les Alpes-Maritimes, les Accenteurs alpins descendent presque au niveau de la mer. En randonnant sur la Tête de Chien au dessus de Cap d’Ail et de Monaco en mars dernier, nous avions eu la surprise d’en rencontrer quelques uns peu farouches au sommet.
L’Accenteur alpin est un insectivore mais l’hiver les petites graines sont prépondérantes dans son alimentation.
Ces accenteurs sont assez discrets, quelques petits cris de contact mais peu audibles. Ils passent facilement inaperçus dans la végétation basse. Il faut être patient pour les découvrir mais Peyrelade est un bon spot. Ce sont des oiseaux relativement peu craintifs et il est possible de les observer à quelques mètres.
A la vue de la carte, on remarque tout de suite que les observations sont plutôt concentrées sur les mêmes sites de gorges et de falaises. Cet oiseau fréquente sans doute d’autres sites mais les observateurs, déjà peu nombreux, se retrouvent sur les mêmes endroits.
Sur le graphique suivant, les arrivées des migrateurs se font surtout dans la dernière décade d’octobre et les départs s’étalent en mars. Le département du Lot, bien que possédant de nombreuses falaises calcaires, est peu concerné par le nombre de migrateurs.
Nous étions venus pour le Tichodrome échelette, pas vu pas pris, pas vu pas photographié, ce sera pour une autre fois.
Jean-Luc Laprune