A la recherche du Monticole bleu
2 avril 2021. Depuis la terrasse, je scrute aux jumelles les pitons rocheux des barres dolomitiques qui dominent la vallée de notre hameau. Je recherche un Faucon pèlerin qui doit avoir son aire dans cette zone. Une forme sur un promotoire attire mon attention. Un oeil dans la longue-vue me fait percevoir un passereau de la grosseur d’un merle. Sa position, son attitude me font penser (ou rêver) à un monticole.
A cette période, seuls les Monticoles bleus sont présents. C’est bien loin pour en être sûr. Sa nervosité fait penser à un traquet. Soudain il plonge entre les formations calcaires. Je ne le revois pas. Deux semaines plus tard, je surveille le pèlerin que j’ai trouvé entre temps. Sur un piton proche du site de la dernière fois, un oiseau vient d’attraper un gros insecte et le tape sur la roche. Cette fois je suis sûr à 99% qu’il s’agit d’un Monticole bleu. Ma longue-vue est équipée d’un objectif de x30 et c’est insuffisant pour lever le doute.
12 avril. Je scrute l’extrémité opposée de la barre des falaises et encore une fois un oiseau se tient sur un piton. A nouveau, je pense avoir à faire à un monticole. C’est encore plus loin que la dernière fois. Demain, nous grimperons jusqu’à cet endroit qui est accessible par un sentier.
13 avril. Pendant notre ascension, nous croisons des adeptes de via-ferrata qui redescendent une fois leur parcours effectué. Mauvais signe, car le monticole se tenait la veille sur un piton où est arrimée une tyrolienne. Comme nous ne connaissons pas le chemin, nous montons trop haut. Nous retrouvons un nouveau groupe « d’aventuriers » sur la fameuse tyrolienne. Bien sûr, nous ne verrons pas « notre » oiseau.
Un fois redescendu et presqu’arrivé chez nous, je scrute une dernière fois les falaises : l’oiseau est là plus bas, juste en dessous de l’endroit où nous avons grignoté notre « 4 heures ». Je l’aurai, un jour je l’aurai ! A suivre…
28 avril. Nous faisons une petite boucle entre nos deux hameaux préférés entre deux averses. Un petit coup d’oeil sur les pitons calcaires et encore une fois une suspicion de monticole bleu.
Dimanche 23 mai. Aujourd’hui, grande randonnée sur le Sauveterre. Nous montons vers le Roc des Agudes que certains appellent « le bout du monde ». Nous aurons une magnifique vue sur le Rozier et Peyreleau mais surtout j’ai bien l’intention de découvrir ce sacré Monticole bleu. Au sommet d’un conifère mort du cimetière de Liaucous, chante un Rougequeue à front blanc, c’est une excellent signe pour la suite de notre journée. Le sentier démarre, altitude 530m. De temps à autre, nous scrutons les pitons. Après 200m de dénivellé positif, un oiseau se pose en haut d’un piton à contre-jour. Le temps de sortir les pieds de la longue-vue, il a disparu. Je suis sûr que c’est lui. Encore un peu d’ascension, vers 820m un replat suit les les parois, je cherche et tente un peu de repasse avec mon téléphone, rien.
Nous reprenons notre montée vers le point de vue. C’est dimanche et les motos sont nombreuses sur les routes qui longent le Tarn, les bruits des moteurs montent jusqu’à nous. Il n’y a pas à dire nous sommes bien plus tranquilles pendant la semaine. Chacun ses plaisirs…
Assis au bout du monde, nous pique-niquons avec une pitchou et une passerinette comme voisines. Soudain Cécile aperçoit une sorte de merlette sur un rocher que j’ai repéré pendant notre montée. Vite à la longue-vue qui est prête cette fois. Bingo ! c’est une femelle de Monticole bleu et de la nourriture est coincée dans son bec. Un nourrissage ! Elle disparaît en plongeant hors de notre vue. Quelques instant plus tard, le mâle se pose au même endroit avec un petit lézard (je pense) dans le bec. Nous avons le temps de l’admirer un court moment chacun. Mission accomplie, je n’avais pas rêvé, le Monticole bleu était bien présent.
Pour les photos du monticole, il faudra attendre, c’est un oiseau très farouche et il faudrait passer de nombreuses heures à trouver ses perchoirs favoris pour espérer faire une image et avec le soleil dans le bon axe (c’est un prétexte car je ne suis pas sûr que monter tout le matériel photographique et de camouflage plusieurs fois pour faire chou blanc soit très rentable, une belle observation me suffira).
7 juin 2021. Depuis le rocher de Capluc, nous montons vers les corniches du Méjean pour aller observer les vautours fauves. Arrivés vers le le rocher appelé Vase de Sèvres, il me semble entendre un chant que je ne connais pas vraiment mais je pense aussitôt au Monticole bleu (j’ai quand même écouté son chant sur des disques). Allez ! Je tente un coup de repasse avec mon téléphone. Rapidement l’oiseau répond et j’arrête pour ne pas le perturber. Nous le voyons quelques instants mais il disparaît derrière un piton. Le 28 mai, l’oiseau a été photographié sur un rocher recouvert de lichens orangés plutôt reconnaissable, il suffit de le retrouver et d’attendre, c’est simple ! Nous retrouvons le rocher et n’avons pas longtemps à attendre pour que le monticole arrive. C’est un magnifique mâle et j’ai le temps de faire quelques photos mais trop lointaines pour un beau cliché. C’est déjà sur ce même rocher que je l’avais aperçu pendant un pique-nique sur les corniches il y a quelques années. L’oiseau est farouche et disparaît dans le dédale dolomitique. Je ne m’en tiendrai pas là, à suivre …