Insectes

A la chasse aux mûres. 24 août 2021

Pas de randonnée aujourd’hui, fini de jouer les cigales, il est temps de songer à l’hiver et d’emmagasiner des provisions. Nous allons récolter des mûres pour faire de la confiture. La première de l’année car nous n’avons malheureusement pas d’arbres ni d’arbustes fruitiers dans notre jardin.

Exceptionnellement, je ne prends pas mes jumelles mais mon reflex et l’objectif macro. Pendant que Cécile s’arrachera les mains dans les ronces, je traquerai les insectes !

Les mûres ont soif comme le reste de la végétation. Malgré un temps mitigé en juillet, les précipitations ont été chiches. Beaucoup de grappes de fruits sont malingres et peu juteuses. Nous avons 4 boîtes « à glace » à remplir et cela va prendre du temps.

Une baie qui se défend ! Qui s’y frotte s’y pique !

Dès le premier arrêt, 2 sauterelles tentent de s’échapper des herbes que nous foulons : des phanéroptères ! J’en choisi un plus tranquille. C’est une femelle reconnaissable à son ovopositeur court très recourbé ; il est assez arrondi, c’est un critère de détermination mais c’est surtout le pronotum (bouclier en forme de selle qui protège le thorax) plus haut que large qui m’amène à son nom : Phanéroptère méridional, Phaneroptera nana. Je l’ai déjà identifié en Loire-Atlantique. Je n’ai jamais vu le Phanéroptère commun, Phaneroptera falacata, qui lui ressemble beaucoup. Ce spécimen n’est pas stressé puisqu’il prend le temps de se nettoyer les antennes.

Phanéroptère méridional, Phaneroptera nana

Sur une astéracée jaune, un petit papillon genre argus butine. Les faces inférieures des ailes sont peu « décorées ». C’est une espèce peu courante pour moi. Une photo pour l’identification à la maison, c’est plus simple que de trimballer une bibliothèque avec soi. De retour chez nous, je l’identifie : c’est un Azuré de la faucille, surtout répandu dans le Sud-Ouest et localement dans les Alpes. Première fois que je l’identifie. Remarquez une petite queue sur l’aile inférieure, rien à voir avec un Machaon porte-queue !

Azuré de la faucille

Occupé lui aussi à butiner, un autre argus : Polyommatus icarus, L’Azuré commun répandu sur toute la France.

L’Azuré commun Polyommatus icarus

Pour me calmer des papillons qui ne tiennent pas en place, un criquet m’offre « une scéance pose ». Les criquets ont des antennes courtes, les sauterelles des antennes longues, B.A.BA des orthoptèristes (autrement dit passionnés de criquets, sauterelles et grillons). C’est sans doute une femelle, d’Euchorthippus et certainement de Criquet blafard, Euchorthippus elegantulus ; blafard ne rime pas avec elegantulus. Bizarre ces scientifiques !

Criquet blafard, Euchorthippus elegantulus

Quand on possède comme moi des livres sur les papillons vieux de 40 ans, il n’est pas facile de se retrouver dans les noms français qui ont changé avec les nouvelles classifications. Il vaut mieux connaître les noms scientifiques même si des noms de genres ont évolué eux aussi. Voici le Fadet commun ou Procris ou Pamphile, Coenonympha pamphilius, répandu dans tous les départements français.

Coenonympha pamphilius

Au milieu des cerisiers, une petite surface de scabieuses attire de nombreux papillons. Cette Mélitée des centaurées (je suppose) a déjà quelques semaines de vol, le bord de ses ailes droites est bien déchiqueté. Pour être sûr de son identification, il faudrait voir la face inférieure de ses ailes.

Mélitée des centaurées, Melitea phoebe (probable)

Je retrouve des Azurés communs.

Azuré commun femelle

Et aussi des Argus bleu céleste, Lysandra bellargus. Sur le terrain, difficile encore pour moi de les déterminer. Avec les photos, une fois devant l’écran de l’ordinateur, j’ai le temps de consulter mes guides. Lysandra est la fille de Ptolémée 1er, général d’Alexandre le Grand.

Argus bleu céleste, Lysandra bellargus
Lysandra bellargus

Au final, nous avons récolté 3 bacs et demi de mûres, enfin surtout Cécile. Et le lendemain, nous en ferons 9 pots et demi de confitures, enfin surtout Cécile.

Jean-Luc