A fond sur les artichauts, 27 juillet 22
Je voulais couper ce pied d’artichaut car les capitules sont vraiment très petites et piquantes et il y a peu à manger, mais finalement les fleurs sont jolies. J’ai bien fait de le garder car un très beau papillon est venu le visiter et c’est la première fois que je découvre une Ecaille chinée en train de butiner.
Les Hétérocères sont des papillons de nuit en opposition avec les Rophalocères papillons de jour. Mais le groupe des Hétérocères est un groupe fourre-tout qui accueille aussi des papillons volant le jour comme cette Ecaille chinée. En général, les Hétérocères ont des teintes plutôt brunes ou grises mais les « écailles » ont les ailes postérieures brillamment colorées. C’est un avertissement aux prédateurs qui signifie : « je ne suis pas comestible, je suis toxique ».
Au repos le rouge des ailes n’est pas visible, c’est seulement en vol que cette couleur se découvre.
Ce papillon butine les fleurs de la famille des Astéracées : chardons, cirses, centaurées et nos fameux artichauts.
La chenille se développe sur diverses plantes basses (pissenlits, orties, lamiers, épilobes…) et sur des arbustes à feuilles caduques* comme les noisetiers.
L’Ecaille chinée est répandue dans toute la France, elle peut être migratrice et se rassembler en grand nombre comme en Grèce sur l’Ile de Rhodes dans « la vallée aux papillons ».
Le lendemain, j’ai retrouvé une Ecaille chinée sur mon tas de bois que nous venions de ranger à l’abri sous la terrasse.
En étudiant avec attention les rayures et les points des ailes, je pense que c’est un autre individu.
Il s’avère que ces fleurs d’artichauts sont un lieu bien visité par différents insectes.
Des coléoptères de la sous-famille des Cetoniinae (Cétoines) viennent aussi se nourrir sur ces fleurs.
Une cétoine de la taille de la précédente s’enfouit complètement entre les étamines pour aller « brouter ». Elle est sombre et après recherche il pourrait s’agir de la Cétoine noire (Netocia morio) ou de la Cétoine mate ( Potocia opaca). Comme je n’ai pas capturé le coléoptère, je ne peux pas utiliser une clé de détermination, les photos ne sont suffisantes pour des détails se trouvant sous la face ventrale de l’insecte.
Encore une cétoine mais de plus petite taille, la Cétoine grise (Oxythyrea funesta) qui se reconnaît plus facilement avec ses points blancs. Son nom scientifique vient du grec Oxùs pointu et thyreos bouclier et funesta pour sa couleur sombre. Les jardiniers la considèrent comme un nuisible car elle mange les fleurs. Je n’ai jamais trouvé qu’elle faisait des ravages dans mon jardin. La solution est de diversifier les espèces de fleurs pour que cet insecte ne se concentre pas sur une seule espèce de fleur et pourrait lui nuire. De toute façon, nous avons assez de pesticides dans les champs pour ne pas en rajouter dans nos jardins.
Les abeilles sauvages et bourdons ne sont pas en reste et visitent les fleurs à diverses heures.
L’Abeille charpentière est la plus grosse de nos abeilles sauvages. Elle est reconnaissable à sa grosse taille et à sa couleur noire aux reflets violacés. Son nom Xylocopa violacea veint du grec « coupeur de bois » et de sa couleur. Vous retrouvez Xylo dans xylophone : instrument de musique à lamelles de bois et xylophène : insecticide de traitement du bois contre les insectes xylophages : insectes qui mangent le bois.
Elle pond ses oeufs dans des galeries qu’elle creuse dans du bois mort tendre en perçant des trous d’un diamètre de 10 à 12mm en général. Elle pond un oeuf au fond de la galerie et dépose du pollen comme nourriture, ferme le conduit avec une cloison, repond un oeuf et ainsi de suite. Les nymphes se développeront dans l’ordre inverse de la ponte pour permettre de dégager la voie vers la sortie. Parfois les loges sont percées le long du conduit principal et dans ce cas les xylocopes sortiront sans suivre l’inverse de l’ordre de ponte.
Ces abeilles sont donc solitaires mais parfois les galeries de plusieurs individus sont creusées côte à côte.
Bien que de taille imposante et bruyante, ces abeilles ne sont pas agressives. Elles possèdent un dard mais je ne connais personne piquée par celles-ci.
Les Bourdons terrestres (Bombus terrestris) butinent aussi cette source de pollen.
On prête à Enstein, ce qui n’est pas certain, la phrase « Si les abeilles disparaissaient, l’homme n’aurait plus que quatre ans à vivre ». Le public pense aussitôt aux abeilles domestiques, mais les abeilles sauvages de toutes tailles ont un rôle plus important que ces dernières. En France, le nombre d’espèces d’abeilles sauvages serait de 831 !
La détermination des espèces est une affaire de spécialistes, hélas assez rares. Il faudra comme souvent se contenter du genre.
Le monde des insectes permet des découvertes permanentes. Les abeilles sont passionnantes par leur diversité, leurs modes de reproduction dans les endroits les plus variés, leurs moeurs (parasites, chasseuses, butineuses, solitaires, grégaires…). Il suffit d’attendre devant des fleurs et d’observer !
Fred Asteracée