Dans le vent du Méjean
Journée du 16 août 2021
Aujourd’hui la météo prévoit du vent et des températures ressenties compatibles avec une randonnée sur le causse Méjean steppique. De plus, notre ami Fred est un bon marcheur qui aime les grandes étendues avec des horizons lointains.
Juste avant d’arriver au point de départ, nous voyons évoluer au ras du sol un mâle de Busard cendré adulte. Il y a une semaine, c’était un mâle de deuxième ou troisième année qui chassait au même endroit.
Après le puech de Redoundous, nous garons la voiture à l’entrée d’un chemin interdit aux véhicules non autorisés. Voilà des années que nous passons devant ce chemin sans avoir pris le temps de le découvrir. A peine sortis de la voiture, nous sommes assaillis par des rafales d’un vent assez frais. Tant mieux nous ne devrions pas trop « cuire ».
C’est la pleine floraison des Chardons bleus dont les capitules ronds font penser à des oursins, d’où leur nom scientifique Echinops.
Autour de la voiture, le bourdement aigu des Dectiques des brandes se fait entendre. Le causse Méjean possède la plus grosse population de ces sauterelles qui ont fortement régressé en France avec la disparition des landes de genêts ou de Bruyères à balais. Les Ephippigères des vignes (autres sauterelles) ne sont pas en reste avec les « Tsiiit » des mâles.
Je capture (provisoirement) une femelle de dectique reconnaissable à son appareil de ponte (ovopositeur) en forme de sabre.
Un arbre isolé attire notre attention, c’est un feuillu, ce qui est assez rare en dehors des hameaux. Il pousse au milieu d’un cercle de pierres étalées. C’est un Frêne oxyphille au feuillage différent du Frêne commun ou élevé. Il a grandi au milieu d’un clapas et les moutons cherchant de l’ombre ont aplani ce dernier.
Nous mangeons à l’abri d’une plantation de Pins noirs. Ces plantations qui datent de plusieurs dizaines d’années, ont défiguré le Méjean. Heureusement aujourd’hui ces « restaurations de terrain » ont cessé. La croissance trop lente et les difficultés de transport sur les routes descendant du causse ont fait perdre l’intérêt de telles cultures. De plus, les résineux acidifient les sols, ce qui appauvrit beaucoup la faune et la flore dans ces boisements.
Le pique-nique est vite « dérangé » par l’apparition des trois Circaètes Jean-le-blanc qui viennent chasser des reptiles en faisant du sur place face au vent comme le Faucon crécerelle. L’un des oiseaux est particulièrement clair, même au niveau de la tête. C’est sans doute une famille car aucun conflit n’éclate entre eux. Bien sûr je n’ai pas de téléobjectif ! Je n’ai pas encore eu l’occasion de faire des clichés de ces rapaces depuis notre arrivée. Les photos qui suivent ont été prises en 2020 sur le Méjean.
Les Circaètes Jean-le-blanc sont des mangeurs de reptiles ; une couleuvre d’une longueur d’1,50m ne leur fait pas peur. Les causses dénudés sont leur terrain de chasse. Ils nichent au sommet d’un arbre dans les pentes ou les ravins boisés des gorges. Ils n’ont qu’un seul poussin. Vu leur régime alimentaire, ce sont des migrateurs qui passent l’hiver en Afrique.
Le circaète suivant, très clair, a été photographié dans le marais breton vendéen en septembre 2020. On comprend mieux l’appellation Jean-le-blanc !
Après notre repas, nous rejoignons une variante du GR de pays, tour du causse Méjean en direction de Drigas.
Nous longeons quelques dolines encore exploitées. Les dolines sont des points d’absorption des eaux de pluies et de ruissellement, elles sont formées par la dissolution du calcaire ou par des effrondrements souterrains de cavités. Elles sont remplies de sédiments d’anciens écoulements aériens et d’argile de décomposition. Ces sédiments permettent la culture de céréales ou de luzerne, trèfle, sainfoin…
Autrefois toutes les dolines étaient cultivées, aujourd’hui seules les plus grandes sont exploitées car les engins agricoles sont toujours plus grands !
La montée vers la serre de Gaoujac nous offre un splendide panorama. Nous apercevons deux Bondrées apivores et encore 3 circaètes mais pas celui à tête blanche, peut-être une autre famille.
A proximité du col de Gaoujac, nous allons jeter un oeil à un dolmen repéré sur la carte. Son entrée est en L comme les dolmens que nous avons observés sur le causse de Sauveterre la semaine dernière.
Quelle vue !
Nous descendons vers Drigas, une centaine de Craves à bec rouge nous « accueillent ».
Nous faisons un petit détour pour montrer à Fred la lavogne de Drigas où de nombreux passereaux viennent boire et se baigner.
Que serait le causse sans ses cardabelles ? Autrefois, les habitants les consommaient jeunes comme des artichauts. Une fois sèches, elles étaient aussi clouées sur les portes pour porter bonheur.