Même malade, le naturaliste reste aux aguets. Je dramatise. En me rendant à l’hôpital pour une consultation, quelle n’a pas été ma surprise de découvrir une orchidée rare en Aveyron.

Sur un talus ras sous des pins, une orchidée était déjà en fleur. Reconnaissable à ses grosses fleurs et à son inflorescence fournie, le doute n’était pas permis : un Orchis géant ou Barlie de Robert ou Himantoglosse de Robert (Himantoglossum robertianum).

Commune sur le pourtour méditerranéen, cette orchidée remonte vers le Nord à la faveur du réchauffement climatique. De fait, elle est rare à très rare dans les départements nouvellement conquis, et l’Aveyron en fait partie.

Elle peut mesurer jusqu’à 80cm de hauteur comme « sa cousine » l’Orchis bouc (Himantoglossum hircinum). Elle pousse de la plaine jusqu’à 1700m d’altitude.

Les labyrinthes de la nomenclature des noms botaniques me laissent perplexe. L’étymologie du nom de genre scientifique Himantoglossum se traduit par imanto : lanière et glôssa : langue, par rapport à la forme allongée du labelle des orchidées de ce genre. Auparavant, l’Orchis géant s’appelait Barlia robertiana donc d’un genre différent. Mais les nouvelles études (1990) ont intégré ce dernier dans le genre Himantoglossum même si le labelle de notre « géant » ne ressemble pas à une langue. Au passage robertiana est devenu robertianum ; ce nom d’espèce est dédié à Robert botaniste français (1776-1857). Barlia était dédié au botaniste français Barla (1817-1896) qui passe « à la trappe ». J’espère pour lui que d’autres végétaux lui sont dédiés.

L’Orchis géant peut fleurir très tôt, dès le mois de décembre en région méditerranéenne. Les fleurs exhaleraient un parfum d’iris mais je n’ai pas eu l’idée de humer l’inflorescence et je ne suis pas sûr de reconnaître le parfum des iris !

Jean-Luc Süskind