Une émeraude dans les roses, 20 juin 2024
Cécile décide de couper les fleurs fanées du rosier blanc et revient me chercher : « Prends ton appareil macro, tu as de la matière pour ton blog »…
J’arrive avec mon vieux Nikon D7200 et son Tamron 60mm macro. Effectivement, j’ai de quoi faire, les Cétoines dorées du quartier se sont données rendez-vous dans notre rosier blanc issu d’une bouture de la Chapelle-Basse-Mer.
La Cétoine dorée est un coléoptère commun que l’on rencontre sur les fleurs les plus diverses mais elle affectionne le lilas et les rosiers. Toutefois dans notre jardin nous avons constaté que c’est le rosier blanc qui les attirait, les autres couleurs étant délaissées.
Les Cétoines arrivent en un vol bruyant. Je compte jusqu’à une quinzaine d’individus. Certaines ont des couleurs différentes.
Ces regroupements sont aussi le moment des accouplements.
Les mâles en profitent pour « courtiser » les femelles. Je n’ai pas la patience de Jean Henri Fabre pour observer la chose, sans doute les femelles réceptives émettent-elles des phéromones comme beaucoup d’insectes. Pendant que celle-ci a la tête dans les pétales, le mâle en profite pour copuler. La femelle est sans nul doute consentante puisque son appareil génital sort de son abdomen pour rencontrer celui du mâle.
Les femelles Cétoines vont ensuite pondre dans les tas de végétaux en décomposition, les composts…
Quand vous remuerez votre compost, surtout ne détruisez pas ces grosses larves blanches que vous découvrirez. Ce ne sont pas des larves de hannetons mais des larves de Cétoines dorées.
Les larves de hannetons vivent sous la surface su sol et consomment les racines. Les larves des cétoines sont inoffensives et participent à la formation du compost en digérant le mélange des apports de nos déchets culinaires et le bois fragmenté indispensable à cet humus artificiel.
Laissons Jean Henri Fabre nous compter la chose : « La larve de cétoine est un moulin à trituration continue, faisant farine des choses végétales mortes ; c’est un broyeur de haut titre, qui, nuit et jour, presque l’année durant, émiette et met en poudre ce que la fermentation a déjà délabré. […] Le ver prend possession de ces indomptables résidus ; de ses bonnes cisailles, il les effiloche, les découpe très menu ; il les dissout, les réduit en pâte dans son intestin et les rend, désormais utilisables, aux trésors du sol. »
Cet entomologiste a calculé qu’en 1 mois, la larve décomposait plusieurs milliers de fois son propre volume. Le composteur doit donc être percé par des trous pour que les Cétoines puissent y pénétrer et pondre.
Les larves de hannetons sont beaucoup moins boudinées et ont une couleur jaunâtre.
Moralité : n’ayez pas des composteurs étanches, plantez des rosiers, des lilas, semez de la phacélie pour attirer ces coléoptères qui travailleront pour vous.
Jean-Luc Loriol