Surprise à la mangeoire tilleul, 24 janvier 2024
La coupe d’une branche du tilleul de notre cour, a provoqué le creusement d’une cuvette au centre de la cicatrisation. Je m’en sers comme mangeoire naturelle. Les graines de tournesol y attirent les mésanges, les sittelles, les verdiers, les chardonnerets, les moineaux, le rare Gros-bec, les Pics épeiche, le Geai et aujourd’hui surprise !!!
Bien visible depuis la cuisine, nous avons toujours un œil sur cette mangeoire.
Tiens revoilà le Pic épeiche mais quelque chose cloche, il a une calotte entièrement rouge ! Vite les jumelles !
A cette époque le jeune Pic épeiche a perdu sa calotte rouge. Verdict : c’est un Pic mar ! Je saute de joie pendant que je passe les jumelles à Cécile. Encore une nouvelle espèce dans le jardin, et qui plus est, très rare dans notre secteur.
En recherchant dans la base de données Faune-France, je vois que c’est la première observation de ce pic sur notre commune. En interrogeant les communes proches sur une période de 10 ans, le nombres de données est faible.
Au Rozier (Lozère) 5 observations d’octobre 2020 à mars 2021, sans doute un hivernant.
Rivière sur Tarn, une observation le 14 mai 2019, une date étonnante pendant la période de nidification.
Aguessac, une observation en mars 2021.
Séverac le Château, une observation en juin 2019, période d’émancipation des jeunes.
Le Pic mar est donc un oiseau rare dans le secteur, ce qui est normal au vu de son écologie.
La carte suivante permet de voir les observations de Pic mar depuis le 1er janvier 2020 jusqu’à ce jour. Le nuage de points le plus important est situé dans la vallée du Lot. La région des Grands Causses au Sud-Est est délaissée par ce pic.
Le Pic mar est une espèce des climats tempérés qui évite les forêts boréales. En France, sa répartition suit les massifs de feuillus anciens. Il peut aussi fréquenter des bocages et des grands parcs urbains si la densité d’arbres âgés est importante. Il évite les forêts de conifères. Il aime les arbres dont le diamètres des troncs est supérieur à 40 cm avec des écorces rugueuses et crevassées. Les arbres morts ou dépérissants servent de site de nidification.
Il évite la façade atlantique sauf la Bretagne, le pourtour méditerranéen, les vallées du Rhône et de la Garonne, le Sud des Alpes, l’Est du massif central. Il devient rare au dessus de 500m d’altitude avec quelques exceptions jusqu’à 1000m.
Le Pic mar est légèrement plus petit que le Pic épeiche d’où son nom scientifique Dendrocopos medius et major pour l’Epeiche. Comparé à l’Epeiche, son bec est plus court, moins fort ; les bandes noires des joues n’atteignent pas le bec ni la nuque, jeunes et adultes ont toujours une calotte rouge, le bas-ventre est rosé et la teinte remonte plus diffuse sur le ventre et les flancs sont marqués de fines raies noires (en théorie plus épaisses sur le mâle). Il est pratiquement impossible de sexer le Pic mar derrière nos jumelles, seul les bagueurs avec des oiseaux en main en sont capables.
Le Pic mar est avare de son chant et son cri courant est, en général, un enchaînement d’une dizaine de sons rapprochés (de 2 à 30) : ptik teuk teuk teuk… Les cris du Pic épeiche sont plus espacés. Par contre le chant territorial est facile à retenir car il rappelle le cri d’un animal blessé.
Visitez le site gratuit xeno-canto pour écouter son chant particulier https://xeno-canto.org/862406 et d’autres types de chants et de cris https://xeno-canto.org/species/Dendrocoptes-medius
Aujourd’hui 11 mars, ce pic est encore venu au tilleul, la table est bonne, voudrait-il passer le printemps à Comayras ?
Jean-Luc Le Moyen