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Sur le toit des Cévennes, 3 décembre 2023

Nous guettons toute la semaine la fenêtre météo qui nous permettra de monter sur le mont Aigoual pour profiter du panorama et aussi de tenter de voir des passereaux migrateurs de l’étage alpin*…

Mais avant notre ascension, nous allons repérer un chemin du Méjean qui nous mènera vers la bordure du causse dominant les gorges de la Jonte. Nous espérons y voir des gypaètes.

Il fait -1°, le chemin craque sous nos semelles mais le soleil commence à chauffer. Nous montons sur la colline perchée à 1048 m et la vue sur le Méjean steppique est fabuleuse.

Tout au fond au milieu, le hameau de Drigas
Paré pour le froid de la steppe !
Vue sur le hameau des Hérans en bordure du causse

Nous rencontrons une personne en 4×4 en train de refermer le grillage du chemin, elle nous dit que nous pouvons l’emprunter, ouf ! La ferme de Nabrigas est nichée au fond d’une doline mais les vilains bâtiments agricoles ne valent pas que j’enlève mes gants pour une photo, nous continuons vers le rebord du plateau.

Sur le bord du chemin une pierre fichée. Un menhir ? Vu la forme de la pierre, je penche plutôt pour une dalle de couverture de dolmen qui aurait été redressée.

Cécile chasseresse sur son mirador !

La serre de Coustivago plonge vers le canyon et offre une vue sur la vallée amont et vers l’Aigoual qui domine à 20 km de nous.

Plongée sur la Jonte
Les deux antennes caractéristiques plantées sur le sommet de l’Aigoual

Nous guettons les crêtes et nous voyons par intermittence au moins deux gypaètes longer les falaises mais en l’absence de vent ils ne s’élèvent pas. Après un premier « éclaireur », les Vautours fauves traversent en groupe les gorges pour aller chercher des ascendances le long du Causse Noir.

Le cache-cache des gypaètes

Comme le mont Aigoual est dégagé, nous décidons de nous y rendre et pique-niquons en route vers Costeguison.

A l’abri du vent et au soleil, que demander de plus ?

A l’approche de l’Aigoual, la pluie givrante d’hier a blanchi les hêtres.

La magie du froid

Arrivés sur les crêtes de l’Aigoual, le spectacle vaut l’ascension. Les arbres sont couverts de givre mais seulement du côté du vent chargé d’humidité.

Nous grimpons sur la tour de la station météo pour profiter de la pureté de l’air avant qu’il ne se réchauffe trop.

Point culminant des Cévennes
Au fond vers le sud, la Méditerranée à 80 km
Au fond vers l’ouest, le Vercors enneigé à 160 km et le mont Ventoux à 135 km
Au fond vers le nord, l’Aubrac

Derrière l’Aubrac nous apercevons le Massif du Sancy à 160 km et le Plomb du Cantal à 120 km. Mais nous sommes aussi venus voir ces migrateurs qui s’envolent en groupe dès notre arrivée.

Les passereaux que nous cherchons sont présents mais l’affluence de promeneurs les effarouche et toute la troupe repart vers un autre point de la crête.
Je finis par les retrouver sur un parking sans voiture. C’est une belle bande d’une trentaine de Niverolles alpines et d’une douzaine d’Accenteurs alpins qui jouent à cache-cache. J’ai juste le temps de faire quelques photos des Niverolles avant leur envol.

Niverolle alpine

La Niverolle alpine (Montifringilla nivalis) fait partie des Passeridés comme les moineaux et non pas des Fringilles comme le Pinson des arbres, bien qu’elle ait été appelée Pinson des neiges. Comme ceux du Moineau soulcie, les poussins de la niverolle sont couverts de duvet à la naissance, les autres poussins de la famille sont nus. Comme son nom l’indique la niverolle se rencontre à l’étage alpin* au dessus de la limite des arbres, à partir de 2300 m.
Quand elles s’envolent, c’est un magnifique spectacle car les grandes zones blanches des ailes et de la queue évoquent comme un vol de grands papillons (d’après Paul Géroudet, célèbre ornithologue suisse, auteur d’une collection d’ouvrages sur les oiseaux européens). Tous ces oiseaux ne quittent pas la montagne, certains restent à proximité des refuges, des stations de sport d’hiver où ils trouveront quelques miettes de repas abandonnés. D’après Régis, un habitué de l’Aigoual, si les niverolles ne sont pas rares chaque année, en revanche il est exceptionnel d’en voir autant.

La niverolle marche plus qu’elle sautille

Vadrouillant avec les niverolles, les Accenteurs alpins ont moins la bougeotte (j’ai déjà écrit un article sur ce passereau en 2022).

Accenteur alpin pensif

Bien que moins rare que la niverolle, c’est toujours un grand plaisir de retrouver l’Accenteur alpin avec son plumage aux ponctuations délicates.

Tu veux ma photo ?

Pressés par notre planning de retraités, nous repartons sans avoir le temps de rechercher la troupe de niverolles. ce sera pour une autre fois, si elles veulent bien rester avant que la neige les chasse.

Les définitions des mots suivis d’un astérisque sont consultables dans l’article glossaire.

Jean-Luc Montagnard

Jean-Luc