L’année dernière, Cécile a rapporté divers plants lors d’une vente de printemps. Nous avons mis le tout en terre en oubliant le nom des nouvelles venues. Cette année, un plant a particulièrement pris du volume dans le jardin. Il nous a fallu attendre les premières fleurs pour comprendre que nous avions affaire à une sauge…

Renseignements pris, notre sauge était une Sauge sclarée (Salvia sclarea). Ce n’est pas une sauge à planter n’importe où dans votre jardin car il faut penser à la surface qu’elle prendra. La nôtre a pris ses aises, atteignant 1,70 m de hauteur pour 1,60 m dans sa plus grande largeur. Il est toujours possible de la cercler pour limiter son emprise.

La particularité des fleurs de sauge c’est d’avoir un mécanisme de pollinisation. Les pétales soudés forment un casque en faucille d’où sort le pistil et forment également une piste d’atterrissage pour l’insecte qui vient visiter la fleur. Quand celui-ci introduit sa langue ou sa tête pour aller récupérer le nectar situé au fond la fleur, il est obligé de pousser une palette formée par des étamines stériles qui feront basculer deux étamines fertiles qui viendront déposer du pollen sur le dos de l’insecte.

Quand l’insecte visitera une autre fleur, le pollen de son dos rentrera en contact avec le pistil qui pointe mais suivant la trajectoire de l’insecte, ce n’est pas gagné à chaque fois pour la fleur. Mais vu le nombre de visites, la fécondation sera tout de même assurée.

Ces grosses abeilles noires en photo ne sont pas des bourdons mais des Abeilles charpentières ou Xylocopes violacés (Xylocopa violacea). Cette abeille solitaire de grande taille émerge dès la fin de l’hiver ou au début du printemps. Ce nom de charpentière vient qu’elle fore son nid dans du bois vermoulu, des arbres morts… Elle creuse des galeries de 10 à 12mm où elle pondra un œuf dans plusieurs cellules (de 2 à 6 en général) bien cloisonnées où sera déposée de la nourriture pour les futures larves qui émergeront à partir d’août. Xylocope vient du grec « qui coupe du bois ».

Les individus qui passent plusieurs heures à butiner la sauge se retrouvent le corps recouvert de pollen blanchâtre. Ils récoltent aussi du pollen sur les pilosités de leurs pattes arrière.

Certains individus sont infidèles à la sauge et la couleur du pollen les trahit.

Les charpentières viennent chercher le nectar qu’elles pompent avec leur langue. Sur la photo suivante, on ne voit que les stylets qui protègent la langue et qui n’ont rien de dangereux. Bien que possédant un dard et un venin douloureux, ces abeilles ne sont pas agressives.

La vie de cette abeille touche à sa fin, ses ailes sont déchiquetées.

En fin d’été ou début d’automne, les xylocopes femelles et mâles cherchent des trous où ils passeront l’hiver.

Jean-Luc La Tarière