L’oasis des causses, 2 juin 2023
Ce samedi, j’anime une randonnée ornithologique pour la LPO Aveyron sur le Causse Noir. Notre itinéraire, sur la commune de Veyreau, doit nous mener vers une belle lavogne naturelle mais comme le temps menace, nous retournons rapidement aux véhicules pour piqueniquer. Nous retournerons à la lavogne si le ciel est sage…
Une fois rassasiés, nous reprenons les voitures pour gagner la lavogne près de la ferme de Luc abandonnée en tant qu’exploitation agricole. Les lavognes sont des mares destinées à abreuver les troupeaux de brebis. Elles sont d’origine naturelle ou créées par l’homme. Celle de Luc est naturelle mais au cours des millénaires passés, il est fort possible que les éleveurs de brebis aient amélioré ce point d’eau en recreusant les bancs de calcaire affleurants.
Les causses sont des plateaux calcaires dont la particularité est de ne pas retenir les eaux pluviales. Les pluies s’infiltrent par une multitude de crevasses, de failles, de fentes et ressortent au niveau des rivières qui coulent au fond de profonds canyons. Les lavognes vont donc attirer les oiseaux, les mammifères, papillons, abeilles pour s’abreuver mais aussi des batraciens pour leur reproduction. Nombre d’insectes aquatiques y vivent : libellules, notonectes, dytiques…
Au centre de cette lavogne pousse une couronne de renoncules aquatiques et, sur une partie rivulaire, des joncs. Ces herbiers permettent aux têtards et à de nombreuses larves diverses de se nourrir ou de trouver refuge.
Une fois au bord, nous constatons que la vie y est foisonnante. Des milliers de petits têtards noirs y grouillent ; ce sont certainement des Crapauds épineux (le crapaud commun est remplacé par le crapaud épineux dans notre région ; différenciation impossible sur le terrain) ou des Crapauds calamites. Les crapauds pondent leurs œufs en cordons de plusieurs mètres de long. Chez les Crapauds épineux, les chapelets gélatineux sont composés de 2 à 4 rangées d’œufs et chez les Calamites d’une à 2 rangées. Les femelles pondent plusieurs milliers d’œufs.
Certains de ces têtards sont déjà métamorphosés et vont affronter la vie à l’extérieur de la mare.
Des petits Crapauds calamites bien reconnaissables à la ligne vertébrale claire de leur dos sont sur le point de quitter la mare. Les têtards de cette espèce sont capables de se métamorphoser en 6/7 semaines et de se reproduire avant la sécheresse de l’été.
Un triton palmé navigue au milieu des têtards. Les tritons viennent dans les mares pour se reproduire. Les mâles acquièrent une livrée nuptiale souvent colorée et une crête de peau souple. Notre Triton palmé est le plus discret dans sa livrée. Les palmes sont visibles pendant la période où ils vivent dans l’eau. Contrairement aux crapauds et aux grenouilles, les femelles pondent leurs œufs (150 à 200) un par un en les collant aux plantes aquatiques.
Après avoir observé ces batraciens, nous nous asseyons en retrait et attendons que des oiseaux viennent boire et se baigner. Les premiers seront des Pipits des arbres, suivis par des Serins cinis, des Mésanges charbonnières et des Pinsons des arbres. Le Bruant zizi n’ose pas descendre à l’eau. Bien sûr, notre groupe de 15 personnes, bien que calme, effraie un peu les oiseaux, aussi décidons nous de lever le siège et il est déjà 16h00. Laissons la lavogne à ses habitués.
Nous avions randonné pour les oiseaux, 38 espèces auront été vues ou entendues. Parmi les 10 rapaces notés pendant la sortie citons : le Gypaète barbu, l’Aigle botté en forme claire, le Vautour moine, le Faucon pèlerin.
Jean-Luc Lanour
Les photos ont été réalisées avec un téléphone Googlepix 6a par Cécile
Réponse à la question : 7 Calamites